mercredi 9 décembre 2009

Les chiens

Elle est affolante cette peur d'aimer.
l'autre jour il arrive en retard.
"J'ai pris un auto-stoppeur" me dit-il. C'était un cadeau, un instant j'ai craint et espéré, aussi, que ce soit un chien.
Cela fait des années que cela me manque, avoir un chien.
La nuit suivante je révais d'un Berger allemand prêt à me mordre.

dimanche 6 décembre 2009

Je veille.

Il a dit: "allons voir un film, mais un film nul, cette fois".
Il a dit aussi "tu t'éloignes de moi, reviens"
J'aime cet homme.
je ne veux pas le décevoir.
Et puis développons, tant qu'à faire.
Je l'aime avec les genoux cagneux de mes six ans, avec la confiance d'un nouveau né, avec l'excitation d'une vierge (mais plus que ça finalement).
Aller voir un film nul, parce que le premier était bon, et qu'il ne m'a pas embrassée.
Le laisser faire avec mon corps, puisque le coeur a déjà décidé.
Je l'aime.

Prise par le désir. De l'encre, du sang des larmes et de l'amour.

L'homme que j'aime est un séducteur, un séducteur qui aime contrôler et qui me refuse de gâcher notre histoire, de la laisser aller à une perter rapide. "Non l'amour n'est pas une chose facile, oui on peut se faire mal et c'est ainsi que nous nous frôlons le mieux, oui il y a le désir mais attends, petite, je vais nous créer de l'érotisme à n'en plus finir, allez, n'aie plus peur" voici ce qu'en substance il me dit.
J'avais tendance à penser que l'angoisse était l'antidote de l'amour, que l'anxiété signait la fin des choses mais il faut se rendre à la réalité, qui n'a d'ailleurs rien d'une évidence, l'angoisse n'est qu'un début.
J'aime un homme qui me dit de ne pas trop lui faire confiance, qui me stimule dans mon travail et que je suis sur cette voie pour à mon tour le stimuler dans la vie. C'est un amour exigeant, très jeune, brutal et sophistiqué.
Il est un peu plus âgé que moi alors il a a sans doute passé l'âge de la déraison et de l'urgence.
Alors, forcément je relis Nietzsche et Husserl, car j'ai grand besoin d'un cadre pour une philosophie de la perception et ce n'est pas seulement pour alimenter mon travail.
Se méfier, mais avant tout avoir l'humilité de se méfier de soi-même et de sa perception d'autrui.
Et puis l'érotisme intenable que même ici je ne peux pas dire. Ce qui, j'en suis persuadée l'effraie autant que moi. Le désir et le plaisir dévastateurs qui se sont emparés de moi, qu'il suscite comme malgré lui et toujours sous contrôle de ses neurones, pour prendre soin de nous, malgré moi.
Chacun à notre manière, nous avons des habitudes de vieux loups solitaires, ou alors de renards et je crois qu'il n'est pas d'accord pour nous laisser les garder.
Alors il joue avec mon désir pour me préparer à perdre mes habitudes. Il sait, il comprend. Et ce qu'il fait c'est demander "Veux-tu? Veux-tu vraiment?".
Il y a une chose que j'ai comprise récemment, c'est que tous les gens, mêmes les hommes que l'on aime ne sont pas de qualité comparable. Je croyais peut-être, fut un temps qu'un homme était bon parce que je l'aimais, erreur fondamentale entre l'en soi et le pour-soi, sans doute.
Je ne parviens pourtant pas à me départir de cette peur de la fusion, de l'amour fusionnel dont je me dis qu'il n'est que l'antichambre de la schizophrénie. des banalités peut-être, avant d'embrasser l'unicité de notre histoire.